Comment stimuler la résilience de votre écosystème relationnel?
À l'image des écosystèmes naturels, plus les écosystèmes relationnels sont diversifiés, et plus les organismes qui les composent sont en mesure de s’adapter aux crises.
Comme l'ont remarqué certaines entreprises, la diversité d’individus et d’organisations partenaires dans leur écosystème relationnel est un moteur d'innovation, de création de valeurs et de croissance. Cependant, les écosystèmes ne sont pas des objets statiques, au contraire, ils sont dynamiques et évoluent constamment. Il est donc nécessaire d'anticiper au mieux les évolutions pour s’adapter aux situations critiques et améliorer le fitness économique de son organisation.
Nous savons aujourd’hui que la biodiversité est un indicateur important du bien-être d'un écosystème naturel. Cette richesse d’espèces engendre une compétition qui sélectionne les organismes en fonction de leur capacité à fournir de multiples fonctions et services écosystémiques. C’est ainsi que la durabilité d’un écosystème (résistant aux catastrophes naturelles ou aux maladies) est assurée par la biodiversité.
S’appuyer sur cet indicateur n’est pas une approche suffisante. Regardons de plus près les dynamiques d’évolution des écosystèmes. Je vous propose de nous attarder sur une analyse comparative entre les écosystèmes forestiers et les écosystèmes d'affaires. Ceci fournira des éléments de réflexion enrichissants pour les leaders.
Analyse comparative entre les écosystèmes d’affaires et les écosystèmes forestiers :
Parce que les organisations sont similaires (structure/organisation/fonction) à un organisme vivant, nous vous proposons une analyse comparative entre un écosystème forestier et un écosystème d'affaire. Cette analogie didactive permet de comprendre la subtilité des écosystèmes et en particulier de la diversité.
Au commencement, la colonisation d'un espace riche d'opportunités.
Au commencement, il y a une "zone ouverte" ou un "océan bleu", un espace où l'écosystème offre un accès égal aux ressources. Cela permet une innovation à petite échelle sans concurrence, du moins au début. Comme les herbacées et les graminées, les premiers colonisateurs de la parcelle ouverte sont les start-ups puis les TPE qui envahissent ce nouveau marché. Suite à une forte croissance, on observe alors une colonisation rapide de ce nouveau marché grâce à la disponibilité en ressources et l'absence de concurrence.
Vient ensuite la compétition pour capter des parts de marché de plus en plus rares.
A partir d’une certaine limite, les organismes présents entrent en compétition pour des ressources de plus en plus rares. A ce stade, l'heure n'est plus à l'innovation, les organismes qui utilisent efficacement les ressources seront sélectionnés. Les organismes sélectionnés présentent une structure et une organisation efficiente et capitalisent sur l’innovation développée au stade précédent. Ainsi, émergent des arbustes à plus grande échelle et d'autres plantes qui développent des infrastructures et des process plus efficaces. Ce développement s’applique également au monde de l’entreprise. Aux TPE succèdent les PME et les ETI. Ceux qui survivent doivent soit dominer, soit se trouver un niche écologique où ils peuvent persister.
Le temps des géants stabilise le marché et stimule les interactions et la coopération.
La difficulté croissante d’accès aux ressources stimule l'escalade de la concurrence, augmente les bénéfices de la coopération entre les niches, stimulant ainsi les interactions. Aux arbustes, succèdent les arbres comme aux ETI succèdent les Grand établissements. Des start-ups, TPE et PME d'un genre nouveau sont sélectionnées et proposent des services en échange de l'énergie collectée par les organismes dominants (GE). L'exemple typique est illustré par les écosystèmes des FinTech ou de l’insurtech.
Enfin, l'illusion d'équilibre cache une menace systémique dévastatrice.
Alors que l’écosystème forestier mature entre dans une phase d'équilibre qui semble immuable, l'ensemble des conditions sont réunies pour une crise systémique. En effet, les actifs stockés dans un système devenu hyper-connecté alimentent l’instabilité. Trop d'organismes sont maintenant de la même espèce, du même âge et de la même taille. L’écosystème forestier est vulnérable au feu, à la maladie et autres catastrophes naturelles. La problématique est similaire avec les organisations, toutes sont confrontées aux mêmes défis : climatique, accès aux ressources (ex : pic pétrolier, terres rares), activité humaines (géopolitique, crise socio-économique), aux catastrophes naturelles (ex : Impact de la sécheresse à Taiwan, de la vague de froid au Texas sur l'approvisionnement en composants électroniques) ou encore aux maladies (ex : Covid-19). La diversité qui réside dans les sphères de services des GE composées de start-ups, TPE, PME est un écosystème malheureusement complètement dépendant de ces méga-structures. Un exemple parfait de déstabilisation d’un écosystème relationnel d’organisations matures réside dans la crise des subprimes en 2007-2008.
Ainsi, à mesure que la forêt grandit et que la connectivité augmente, la réduction de la variété des organismes dans l'écosystème conduit inexorablement à un manque de résilience face au changement. Un autre exemple concret concerne les industries des secteurs automobile et de l’aviation, où seule une poignée d’acteurs mondiaux se partagent le marché et dont la stabilité a été ébranlée durant la crise sanitaire. Notamment l’exemple de l'aéronautique, qui nous tient particulièrement à cœur (-33% de CA 2020/2019) par son impact sur notre territoire d’implantation, la Haute-Garonne (Industrie -25% de CA en 2020/2019 et un effondrement de l’emploi).
Pistes de réflexions
De cette analyse comparative entre écosystèmes forestiers et écosystèmes relationnels (individuels ou organisationnels), des enseignements peuvent être tirés à trois échelles différentes auxquels il convient de réfléchir :
Institutions : comment rendre son territoire résilient et attractif?
- Les institutions sont chargées de l'écosystème territorial, ce sont elles qui doivent créer continuellement de nouveaux "espaces ouverts" pour stimuler l'innovation à l'origine de la diversité et donc de la résilience.
- Quelle est la part des investissements institutionnels orientés vers les start-ups, TPE et PME qui proposent des services aux grands groupes ? Quelles sont les technologies disruptives réellement financées ? La diversité est-elle suffisamment entretenue ?
Organisations : comprendre la dynamique et le stade de son écosystème d'affaires, pour identifier les menaces et les opportunités.
caractériser le stade de développement de l'écosystème dans lequel évolue l'organisation et identifier la phase de maturité de l'écosystème.
- Quelle est la structure de l'écosystème relationnel de mon secteur d'activité ? La diversité des types/espèces de structures (taille et fonction) et le nombre d'individus par espèces. C'est le moteur de l'innovation et de la création de valeur.
- Quels sont les risques et les perturbations les plus critiques pour mon organisation
- Quel est mon degré de connectivité (et d'interaction ?) avec les acteurs de l'écosystème dans lequel j'évolue ?
Individus : étudier l'écosystème de son entreprise pour anticiper une évolution du marché de l'emploi.
- Identifier le stade de développement de l'écosystème du secteur d'activité permet de travailler son plan de carrière : mobilité, compétences et fonction. Quelles évolutions entreprendre pour accompagner la transformation de mon secteur d'activité ?
Conclusion
Que vous soyez un représentant d'une institution, une organisation, une entreprise ou un individus, il est important de s’inspirer du vivant. Comme dans la nature, des écosystèmes naturels, plus votre écosystème relationnel est diversifié, plus vous serez en mesure de résister aux crises, et donc d’être résilient. La diversité est moteur d'innovation, de création de valeurs et de croissance. Dans une perspective dite de succession écologique, il est important d’identifier le stade de développement de l’écosystème et du milieu dans lequel évolue l’entreprise pour s’adapter. Institutions, Organisations et Individus sont tous affectés par la diversité de leur écosystème relationnel. Ne pas prendre en compte ce critère pourrait impacter durablement la performance et la résilience de votre fitness économique.